PrĂ©ambuleLes exceptions de nullitĂ© affectant la validitĂ© d'un acte de procĂ©dure sont prĂ©vues aux articles 112 et suivants du Code de procĂ©dure civile. Il en rĂ©sulte deux catĂ©gories, qui obĂ©issent Ă des dĂ©finitions et des rĂ©gimes distincts â Les vices de forme, prĂ©vus aux articles 112 Ă 116 du Code de procĂ©dure civile â Les vices de fond, prĂ©vus aux articles 117 Ă 121 du Code de procĂ©dure civile, lesquels sont limitativement Ă©numĂ©rĂ©s. Ce qu'il faut en retenir Le vice de forme La nullitĂ© des actes de procĂ©dure fondĂ©e sur un vice de fond peut ĂȘtre invoquĂ©e au fur et Ă mesure de leur accomplissement, et doit l'ĂȘtre, en tout Ă©tat de cause, in limine litis. Les moyens de nullitĂ© contre des actes de procĂ©dure dĂ©jĂ accomplis doivent ĂȘtre soulevĂ©s simultanĂ©ment Ă peine d'irrecevabilitĂ©. La nullitĂ© pour vice de forme ne peut ĂȘtre prononcĂ©e qu'Ă la double condition - qu'elle soit prĂ©vue par un texte, sauf atteinte Ă une formalitĂ© substantielle ou d'ordre public ;- qu'elle cause un grief Ă la partie qui l'invoque, mĂȘme si elle porte sur une formalitĂ© substantielle ou d'ordre public. Le vice de forme peut ĂȘtre couvert par la rĂ©gularisation ultĂ©rieure de l'acte si aucune forclusion n'est intervenue entre-temps, et si elle ne laisse subsister aucun grief. Le vice de fond Par opposition aux vices de forme, les vices de fond sont limitativement Ă©numĂ©rĂ©s Ă l'article 117 du Code de procĂ©dure civile. Les moyens fondĂ©s sur une irrĂ©gularitĂ© de fond peuvent ĂȘtre proposĂ©s en tout Ă©tat de cause, sauf texte contraire ou la possibilitĂ© pour le juge de condamner Ă des dommages-intĂ©rĂȘts la partie qui s'est abstenue de le faire en temps utile dans une intention dilatoire. A la diffĂ©rence du vice de forme, l'irrĂ©gularitĂ© de fond peut ĂȘtre invoquĂ©e sans avoir Ă rapporter la preuve d'un grief ou qu'elle ne rĂ©sulte d'une disposition expresse. Lorsque l'ordre public est en cause, le juge a l'obligation de relever d'office l'exception fondĂ©e sur un vice de fond. Lorsqu'elle touche au dĂ©faut de capacitĂ© d'ester en justice, le juge dispose d'une simple facultĂ© de relever d'office ce moyen. Le vice du fond est susceptible d'ĂȘtre couvert. Auquel cas, la nullitĂ© ne sera pas prononcĂ©e si sa cause a disparu au moment oĂč le juge de l'effet interruptif de prescription ou de forclusion d'un acte nul L'article 2241 alinĂ©a 2 du Code civil issu de la Loi du 17 juin 2008 dispose que la demande en justice, mĂȘme en rĂ©fĂ©rĂ©, interrompt le dĂ©lai de prescription ainsi que le dĂ©lai de forclusion, mĂȘme lorsqu'elle est portĂ©e devant une juridiction incompĂ©tente ou lorsque l'acte de saisine est annulĂ© en raison d'un vice de procĂ©dure [1]Rappel de la jurisprudence antĂ©rieureLa jurisprudence a longtemps considĂ©rĂ© que la rĂ©gularisation de l'acte d'appel entachĂ© d'une nullitĂ© pour vice de fond devait intervenir avant l'expiration du dĂ©lai pour agir ou du dĂ©lai de recours. En ce sens Civ. 2Ăšme., 19 oct. 1983, n° Bull. civ. III, N° 167 Com. 15 mai 1990, n° Bull. civ. IV, N° 148 Com. 13 nov. 2002, n° Bull. civ. IV, N° 163 La jurisprudence transposait ainsi la solution retenue en matiĂšre de vice de forme Ă la rĂ©gularisation du vice de fond. En ce sens Civ. 1re 15 janv. 2015, n° inĂ©dit Concernant le vice de forme, cette position pouvait se justifier en application des dispositions prĂ©vues par l'article 115 du Code de procĂ©dure civile, lequel dispose que le vice de forme peut ĂȘtre couvert par la rĂ©gularisation ultĂ©rieure de l'acte si aucune forclusion n'est intervenue entre-temps, et si elle ne laisse subsister aucun grief. Pourtant la limite temporelle, marquĂ©e par l'absence de forclusion, ne trouve aucun Ă©cho concernant le vice de fond. Seule est prĂ©vue Ă l'article 121, dans le cas oĂč elle est susceptible de l'ĂȘtre, la possibilitĂ© d'une rĂ©gularisation, avant que le juge statue. On pouvait donc s'Ă©tonner de la solution dĂ©gagĂ©e par les dĂ©cisions prĂ©citĂ©es qui, en imposant la rĂ©gularisation d'un acte avant l'expiration du dĂ©lai de forclusion ou de prescription, venaient finalement ajouter une condition non prĂ©vue par le texte. L'entrĂ©e en vigueur de la Loi du 17 juin 2008, et notamment de l'alinĂ©a 2 de l'article 2241 a rebattu les cartes en prĂ©voyant expressĂ©ment qu'un acte de saisine, mĂȘme entachĂ© de nullitĂ©, puisse avoir un effet interruptif de prescription ou de forclusion[2]. S'en est suivi un dĂ©bat sur la nature mĂȘme du "vice de procĂ©dure", et spĂ©cialement sur la question de savoir si les irrĂ©gularitĂ©s de fond pouvaient ĂȘtre dĂ©finies comme tel. Dans ce contexte, un arrĂȘt de la DeuxiĂšme Chambre civile rendu au visa de l'article 2241 alinĂ©a 2 du Code civil a considĂ©rĂ© que [3] "Vu l'article 2241, alinĂ©a 2, du code civil ; Attendu qu'il rĂ©sulte de ce texte que l'annulation par l'effet d'un vice de procĂ©dure de l'acte de saisine de la juridiction interrompt les dĂ©lais de prescription et de forclusion ; Attendu que pour rejeter le dĂ©fĂ©rĂ© formĂ© par M. X..., l'arrĂȘt retient, par motifs propres, que l'article 2241, alinĂ©a 2, du code civil n'est applicable qu'aux dĂ©lais pour engager une action et non aux dĂ©lais pour exercer une voie de recours et, par motifs adoptĂ©s, que ce texte ne concerne pas les vices de fond, tel que le dĂ©faut de pouvoir de l'avocat ; Qu'en statuant ainsi, alors que la dĂ©claration d'appel est l'acte de saisine de la cour d'appel et que le dĂ©lai d'appel est un dĂ©lai de forclusion, la cour d'appel qui, aprĂšs avoir prononcĂ© la nullitĂ© de la premiĂšre dĂ©claration d'appel pour vice de procĂ©dure sur le fondement des articles 117, alinĂ©a 3, et 120 du code de procĂ©dure civile, a ensuite dĂ©niĂ© Ă sa dĂ©cision tout effet interruptif du nouveau dĂ©lai d'appel qui avait recommencĂ© Ă courir, a violĂ© le texte susvisĂ© ;" Au cas d'espĂšce, la nullitĂ© portait sur le dĂ©faut de pouvoir d'une personne assurant la reprĂ©sentation d'une partie en justice, s'agissant d'une dĂ©claration d'appel formĂ©e par un avocat inscrit au barreau de Paris hors les cas dĂ©rogatoires prĂ©vus par des articles 1§ III, alinĂ©as 1 et 5 de la loi n°71-1130 du 31 dĂ©cembre 1971. Sans revenir sur le caractĂšre elliptique de la motivation, il convient de retenir qu'aux termes de cet arrĂȘt, la Cour de Cassation a â considĂ©rĂ© que l'irrĂ©gularitĂ© de fond entre dans la catĂ©gorie des vices de procĂ©dure, â consacrĂ© l'effet interruptif de prescription ou de forclusion de l'acte entachĂ© d'une nullitĂ© â rappelĂ© que le dĂ©lai d'appel est un dĂ©lai de forclusion. Les dĂ©cisions qui ont suivi ont adoptĂ© la mĂȘme solution, au double visa des articles 2241 alinĂ©a 2 et 121 du Code de procĂ©dure civile. En ce sens Civ. 3Ăšme., 11 mars 2015, n° Bull. 2015, III, n° 31 Civ. 2Ăšme., 1er juin 2017, n° du 3 dĂ©cembre 2020Rendu au double visa des articles 2241 alinĂ©a 2 du Code civil et 121 du Code de procĂ©dure civile, cet arrĂȘt suit de trĂšs peu un arrĂȘt rendu par la deuxiĂšme chambre civile en date du 17 septembre 2020 [4]La Cour confirme une jurisprudence que l'on peut qualifier de constante, en ce qu'un acte dĂ©clarĂ© nul pour vice de procĂ©dure ici une dĂ©claration d'appel n'en produit pas moins un effet interruptif de prescription et de forclusion au sens de l'article 2241 alinĂ©a 2 du Code civil [5]Bien que la TroisiĂšme chambre civile ne le prĂ©cise pas dans cette dĂ©cision, on en profitera pour rappeler que le dĂ©lai d'appel constitue un dĂ©lai de forclusion arrĂȘt du 16 octobre prĂ©citĂ©. Cette solution vaut, que la nullitĂ© soit soulevĂ©e sur le fondement d'un vice de forme ou de fond [6]Il convient Ă©galement de noter que l'acte de saisine visĂ© par l'article 2241 alinĂ©a 2 doit s'analyser au sens large, et s'entend Ă©galement de la dĂ©claration d'appel et pas seulement d'une assignation. La TroisiĂšme chambre, dans un second temps, confirme que la rĂ©gularisation du vice de fond qui affecte une dĂ©claration d'appel peut intervenir mĂȘme aprĂšs l'expiration du dĂ©lai d'appel. Cette position rejoint une nouvelle fois l'idĂ©e que l'article 121 du Code de procĂ©dure civile ne fixe pas de limite temporelle prĂ©vue Ă peine de forclusion pour la rĂ©gularisation de l'acte de procĂ©dure entachĂ© de nullitĂ©, en dehors de la date Ă laquelle le juge devra statuer. Elle est par ailleurs pleinement transposable Ă tout dĂ©lai de forclusion. Pour conclure, on soulignera l'intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique de cet arrĂȘt qui est rĂ©digĂ© selon la nouvelle trame des arrĂȘts de la Cour de Cassation. La solution est claire, affirmĂ©e, rĂ©affirmĂ©e. A une nuance prĂšs celle de la question de savoir si, indĂ©pendamment du bĂ©nĂ©fice qu'elle tire de l'article 2241 alinĂ©a 2 du Code civil, la dĂ©claration d'appel irrĂ©guliĂšre pour vice de fond peut par ailleurs ĂȘtre rĂ©gularisĂ©e aprĂšs l'expiration des dĂ©lais impartis pour conclure en application des articles 905-2, 908, 909 et 910 du Code de procĂ©dure civile. On rappellera en effet qu'aux termes de trois avis rendus le 17 dĂ©cembre 2017, la Cour de Cassation, se prononçant sur la nullitĂ© pour vice de forme d'une dĂ©claration dâappel au visa de lâarticle 901 du Code de procĂ©dure civile absence des chefs du jugement critiquĂ©s, a Ă©noncĂ© que la rĂ©gularisation peut avoir lieu par une nouvelle dĂ©claration d'appel sous la condition qu'elle le soit avant l'expiration du dĂ©lai imparti Ă l'appelant pour conclure conformĂ©ment aux articles 910-4, alinĂ©a 1, et 954, alinĂ©a 1, du Code de procĂ©dure civile[7]On peut donc s'interroger sur le fait de savoir si cette solution est transposable Ă une dĂ©claration d'appel entachĂ©e d'une irrĂ©gularitĂ© de fond. Aussi, indĂ©pendamment du fait que l'acte entachĂ© de nullitĂ© conserve son effet interruptif de forclusion, la prĂ©caution imposerait, quand cela est encore possible, de veiller Ă rĂ©gulariser une nouvelle dĂ©claration d'appel avant l'expiration du dĂ©lai de l'appelant pour conclure prĂ©vu aux articles 905-2 et 908 du Code de procĂ©dure civile. [1] Avant la Loi du 17 juin 2008, le texte ne faisait pas rĂ©fĂ©rence Ă l'effet interruptif de prescription ou de forclusion d'un acte de saisine entachĂ© d'un vice de procĂ©dure.[2] NB cet effet interruptif doit ĂȘtre lu sous la rĂ©serve de l'article 2243 qui dispose que l'interruption est non avenue si le demandeur se dĂ©siste de sa demande, ou laisse pĂ©rimer l'instance, ou si sa demande est dĂ©finitivement rejetĂ©e. [6] Civ. 3Ăšme., 11 mars 2015, l'article 2241 du code civil ne distinguant pas dans son alinĂ©a 2 entre le vice de forme et l'irrĂ©gularitĂ© de fond[7] Cass. 2e civ., avis, 20 dĂ©c. 2017, n° JurisData n° 2017-026468 . â Cass. 2e civ., avis, 20 dĂ©c. 2017, n° JurisData n° 2017-026469 . â Cass. 2e civ., avis, 20 dĂ©c. 2017, n° JurisData n° 2017-026470 ; JCP G 2018, 173 , note, Ph. Gerbay ; ProcĂ©dures 2018, comm. 69, H. CrozeEnconsĂ©quence, la crĂ©ance remplit toutes les conditions prescrites par les articles 1 et 2 AUPSRVE. Le dĂ©biteur est donc mal fondĂ© en son opposition, et, conformĂ©ment Ă l'article 1315 al. 2 du code civil, Ă dĂ©faut de preuve d'un paiement partiel, il y Lâarticle 1217, al. 1er du Code civil dispose que la partie envers laquelle lâengagement nâa pas Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©, ou lâa Ă©tĂ© imparfaitement, peut Soit refuser dâexĂ©cuter ou suspendre lâexĂ©cution de sa propre obligation ; Soit poursuivre lâexĂ©cution forcĂ©e en nature de lâobligation ; Soit obtenir une rĂ©duction du prix ; Soit provoquer la rĂ©solution du contrat ; Soit demander rĂ©paration des consĂ©quences de lâinexĂ©cution. Au nombre des sanctions de lâinexĂ©cution dâune obligation figure ainsi ce que lâon appelle lâexception dâinexĂ©cution. ==> DĂ©finition Lâexception dâinexĂ©cution, ou exceptio non adimpleti contractus », est dĂ©finie classiquement comme le droit, pour une partie, de suspendre lâexĂ©cution de ses obligations tant que son cocontractant nâa pas exĂ©cutĂ© les siennes. Il sâagit, en quelque sorte, dâun droit de lĂ©gitime dĂ©fense contractuelle susceptible dâĂȘtre exercĂ©, tant par le crĂ©ancier, que par le dĂ©biteur Lorsque lâexception dâinexĂ©cution est exercĂ©e par le crĂ©ancier elle sâapparente Ă un moyen de pression, en ce sens quâelle lui permet, en refusant de fournir sa prestation, de contraindre le dĂ©biteur Ă exĂ©cuter ses propres obligations Lorsque lâexception dâinexĂ©cution est exercĂ©e par le dĂ©biteur, elle remplit plutĂŽt la fonction de garantie, en ce sens quâelle lui permet de neutraliser lâaction de son crĂ©ancier tant que la prestation promise nâa pas Ă©tĂ© fournie ==> Origines JusquâĂ lâadoption de lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016, le Code civil ne reconnaissait aucune portĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă lâexception dâinecĂ©cution qui nâĂ©tait envisagĂ©e que par certaines dispositions traitant de contrats spĂ©ciaux En matiĂšre de contrat de vente Lâarticle 1612 du Code civil dispose que le vendeur nâest pas tenu de dĂ©livrer la chose, si lâacheteur nâen paye pas le prix, et que le vendeur ne lui ait pas accordĂ© un dĂ©lai pour le paiement.» Lâarticle 1612 Ă©nonce encore que il ne sera pas non plus obligĂ© Ă la dĂ©livrance, quand mĂȘme il aurait accordĂ© un dĂ©lai pour le paiement, si, depuis la vente, lâacheteur est tombĂ© en faillite ou en Ă©tat de dĂ©confiture, en sorte que le vendeur se trouve en danger imminent de perdre le prix ; Ă moins que lâacheteur ne lui donne caution de payer au terme.» Lâarticle 1653 prĂ©voit que si lâacheteur est troublĂ© ou a juste sujet de craindre dâĂȘtre troublĂ© par une action, soit hypothĂ©caire, soit en revendication, il peut suspendre le paiement du prix jusquâĂ ce que le vendeur ait fait cesser le trouble, si mieux nâaime celui-ci donner caution, ou Ă moins quâil nâait Ă©tĂ© stipulĂ© que, nonobstant le trouble, lâacheteur paiera. » En matiĂšre de contrat dâĂ©change, lâarticle 1704 dispose que si lâun des copermutants a dĂ©jĂ reçu la chose Ă lui donner en Ă©change, et quâil prouve ensuite que lâautre contractant nâest pas propriĂ©taire de cette chose, il ne peut pas ĂȘtre forcĂ© Ă livrer celle quâil a promise en contre-Ă©change, mais seulement Ă rendre celle quâil a reçue.» En matiĂšre de contrat dâentreprise, lâarticle 1799-1 prĂ©voit que tant quâaucune garantie nâa Ă©tĂ© fournie et que lâentrepreneur demeure impayĂ© des travaux exĂ©cutĂ©s, celui-ci peut surseoir Ă lâexĂ©cution du contrat aprĂšs mise en demeure restĂ©e sans effet Ă lâissue dâun dĂ©lai de quinze jours» En matiĂšre de contrat de dĂ©pĂŽt, lâarticle 1948 prĂ©voit que le dĂ©positaire peut retenir le dĂ©pĂŽt jusquâĂ lâentier paiement de ce qui lui est dĂ» Ă raison du dĂ©pĂŽt». ==> GĂ©nĂ©ralisation jurisprudentielle Bien que rĂ©servĂ©e, sinon contre Cass. req., 1er dĂ©c. 1897, lâextension du champ dâapplication de lâexception dâinexĂ©cution en dehors des textes oĂč elle Ă©tait envisagĂ©e, la jurisprudence, sous lâimpulsion des travaux de grande qualitĂ© de RenĂ© Cassin, a finalement admis quâelle puisse ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă lâensemble des contrats synallagmatiques. Dans un arrĂȘt du 5 mars 1974, la Cour de cassation a, par exemple, jugĂ© que le contractant poursuivi en exĂ©cution de ses obligations, et qui estime que lâautre partie nâa pas exĂ©cutĂ© les siennes, a toujours le choix entre la contestation judiciaire et lâexercice Ă ses risques et pĂ©rils de lâexception dâinexĂ©cution » Cass. civ. 1re, 5 mars 1974 La gĂ©nĂ©ralisation, par la jurisprudence, de lâexception dâinexĂ©cution reposait sur deux principaux arguments qui consistaient Ă dire que Dâune part, en autorisant la partie envers laquelle lâengagement nâa pas Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© Ă forcer lâautre Ă lâexĂ©cution de la convention, lâancien article 1184, al. 2 du Code civil nâinterdisait nullement le recours Ă lâexception dâinexĂ©cution dans la mesure oĂč elle consiste prĂ©cisĂ©ment en un moyen indirect de provoquer lâexĂ©cution du contrat Dâautre part, on ne saurait voir dans les textes qui envisagent lâexception dâinexĂ©cution une portĂ©e restrictive, mais une application dâun principe gĂ©nĂ©ral ==> ConsĂ©cration lĂ©gale Si la rĂ©forme des sĂ»retĂ©s avait amorcĂ© la gĂ©nĂ©ralisation de lâexception dâinexĂ©cution en introduisant un article 2286 qui confĂšre un droit de rĂ©tention sur la chose Ă celui dont la crĂ©ance impayĂ©e rĂ©sulte du contrat qui lâoblige Ă la livrer », câest lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016 portant rĂ©forme du droit des obligations qui lâĂ©rige en principe gĂ©nĂ©ral. DĂ©sormais, lâexception dâinexĂ©cution est prĂ©sentĂ©e, Ă lâarticle 1217 du Code civil, comme la premiĂšre des sanctions dont dispose le crĂ©ancier dâune obligation en souffrance. Les articles 1219 et 1220 en dĂ©finissent quant Ă eux le rĂ©gime. Tandis que le premier de ces articles pose les conditions dâexercice de lâexception dâinexĂ©cution, le second autorise, et câest lĂ une nouveautĂ©, le crĂ©ancier Ă mettre en Ćuvre cette sanction de façon anticipĂ©e. I Le domaine de lâexception dâinexĂ©cution ==> Droit antĂ©rieur Classiquement, la sanction que constitue lâexception dâinexĂ©cution est associĂ©e aux contrats synallagmatiques. Pour mĂ©moire, un contrat est synallagmatique lorsque les contractants sâobligent rĂ©ciproquement lâun envers lâautre. En dâautres termes, le contrat synallagmatique crĂ©e des obligations rĂ©ciproques et interdĂ©pendantes Ă la charge des deux parties. Chaque partie est donc tout Ă la fois crĂ©ancier et dĂ©biteur. LâinterdĂ©pendance et la rĂ©ciprocitĂ© des obligations sont ce qui caractĂ©rise les contrats synallagmatiques. Sous lâempire du droit antĂ©rieur Ă lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016, si lâexception dâinexĂ©cution nâĂ©tait envisagĂ©e par le Code civil que pour des contrats synallagmatiques, tels que la vente, lâĂ©change ou encore le dĂ©pĂŽt, Ă lâexamen son domaine ne se limitait pas Ă cette typologie de contrats. En effet, lâexception dâinexĂ©cution a Ă©tĂ© envisagĂ©e, tantĂŽt par la jurisprudence, tantĂŽt par la doctrine, dans dâautres cas Dans les contrats synallagmatiques imparfaits Il sâagit de contrats qui sont unilatĂ©raux au moment de la formation de lâacte, car ne crĂ©ant dâobligations quâĂ la charge dâune seule partie, et qui au cours de son exĂ©cution donne naissance Ă des obligations rĂ©ciproques de sorte que le crĂ©ancier devient Ă©galement dĂ©biteur. Exemple dans le cadre de lâexĂ©cution dâun contrat de dĂ©pĂŽt, le dĂ©positaire sur lequel ne pĂšse aucune obligation particuliĂšre lors de la formation du contrat, peut se voir mettre Ă charge une obligation si, en cours dâexĂ©cution de la convention, le dĂ©positaire expose des frais de conservation TrĂšs tĂŽt, la jurisprudence a admis que les contrats synallagmatiques imparfaits puissent donner lieu Ă lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution par une partie. Cette jurisprudence repose sur lâidĂ©e que lâobligation qui naĂźt au cours de lâexĂ©cution du contrat existait, en rĂ©alitĂ©, au moment de la formation de lâacte, Ă tout le moins les parties ne pouvaient pas ignorer quâelle puisse naĂźtre, de sorte que lâobligation originaire et lâobligation Ă©ventuelle se servent mutuellement de cause. Dans les rapports dâobligations qui rĂ©sultent de quasi-contrat La jurisprudence considĂšre que dĂšs lors quâun quasi-contrat est susceptible de crĂ©er des obligations rĂ©ciproques entre les parties, lâexception dâinexĂ©cution peut ĂȘtre invoquĂ©e. Il en va ainsi, notamment, en matiĂšre de gestion dâaffaires qui oblige le gĂ©rant dâaffaires Ă continuer la gestion engagĂ©e en contrepartie de quoi il Ă©choit au maĂźtre de lâaffaire de lâindemniser de tous les frais exposĂ©s. Ă cet Ă©gard, dans un arrĂȘt du 15 janvier 1904, la Cour de cassation a jugĂ© que le mandataire auquel il doit ĂȘtre assimilĂ© quand, comme dans lâespĂšce, lâutilitĂ© de sa gestion est reconnue, le gĂ©rant dâaffaires a, par application de la rĂšgle inscrite dans lâarticle 1948 en faveur du dĂ©positaire, le droit de retenir la chose quâil a gĂ©rĂ©e jusquâau payement de tout ce qui lui est dĂ» Ă raison de sa gestion» civ. 15 janv. 1904. Dans les rapports dâobligations qui rĂ©sultent de la loi En doctrine, la question sâest rapidement posĂ©e de savoir si lâexception dâinexĂ©cution ne pouvait pas Ă©galement ĂȘtre admise dans les rapports dâobligations qui rĂ©sultent de la loi. En effet, le contrat nâayant pas le monopole de la crĂ©ation des obligations connexes et rĂ©ciproques, certains auteurs en ont dĂ©duit que rien nâinterdirait que lâexception dâinexĂ©cution puisse ĂȘtre invoquĂ©e dans le cadre de rapports dâobligations créés par la loi, tels que le lien matrimonial qui existe entre les Ă©poux ou encore le lien de filiation qui existe entre lâadoptant et lâadoptĂ©. Cette thĂšse pourrait donc conduire Ă admettre que lâun des membres du couple suspende lâexĂ©cution de lâune de ses obligations devoir de cohabitation par exemple Ă lâexĂ©cution par son conjoint de ses propres obligations. Aussi, une partie de la doctrine milite pour que le domaine de lâexception dâinexĂ©cution ne se limite pas au domaine contractuel et soit Ă©tendu Ă lâensemble des rapports synallagmatiques. Reste que pour que lâexception dâinexĂ©cution puisse ĂȘtre invoquĂ©e, il ne suffit pas que les obligations créées entre les parties soient rĂ©ciproques, il faut encore quâelles soient interdĂ©pendantes, soit quâelles se servent mutuellement de cause. Or dans le cadre du rapport juridique créé par la loi dans le cadre du mariage par exemple, il nâexiste aucune interdĂ©pendance entre les obligations des Ă©poux. Lâexception dâinexĂ©cution pourrait, dans ces conditions, difficilement justifier la suspension du devoir conjugal dans lâattente de lâexĂ©cution de lâobligation de contribution aux charges du mariage. ==> Lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016 Les projets Catala et TerrĂ© avaient expressĂ©ment circonscrit la mise en Ćuvre de lâexception dâinexĂ©cution au domaine des contrats synallagmatique. Le projet TerrĂ© prĂ©voyait en ce sens que si, dans un contrat synallagmatique, une partie nâexĂ©cute pas son obligation, lâautre peut refuser, totalement ou partiellement, dâexĂ©cuter la sienne, Ă condition que ce refus ne soit pas disproportionnĂ© au regard du manquement ». Ce cantonnement de lâexception dâinexĂ©cution au domaine des contrats synallagmatiques nâa manifestement pas Ă©tĂ© repris par lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016 portant rĂ©forme du droit des obligations. Le silence de lâarticle 1219 du Code civil sur le domaine de lâexception dâinexĂ©cution suggĂšre, en effet, que cette sanction peut faire lâobjet dâune application en dehors du cadre contractuelle, conformĂ©ment Ă la jurisprudence antĂ©rieure. Aussi, il est fort probable que lâexception dâinexĂ©cution puisse jouer toutes les fois quâil sera dĂ©montrĂ© lâexistence dâun rapport juridique qui met aux prises des obligations rĂ©ciproques et interdĂ©pendantes. II Les conditions de lâexception dâinexĂ©cution NouveautĂ© de la rĂ©forme des obligations, lâarticle 1220 du Code civil prĂ©voit la possibilitĂ© pour le crĂ©ancier dâexercer lâexception dâinexĂ©cution par anticipation, soit avant que la dĂ©faillance du dĂ©biteur ne survienne. Aussi, les conditions de lâexception dâinexĂ©cution diffĂšrent, selon que la dĂ©faillance du dĂ©biteur est avĂ©rĂ©e ou selon quâelle est Ă venir. A Lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution consĂ©cutivement Ă une inexĂ©cution avĂ©rĂ©e La mise en Ćuvre de lâexception dâinexĂ©cution est subordonnĂ©e Ă la rĂ©union de trois conditions cumulatives qui tiennent Aux obligations des parties Ă lâinexĂ©cution dâune obligation Ă lexercice de la sanction Les conditions tenant aux obligations des parties ==> Exigence de rĂ©ciprocitĂ© des obligations Lâexception dâinexĂ©cution ne se conçoit quâen prĂ©sence dâobligations rĂ©ciproques, ce qui implique que les parties endossent lâune envers lâautre tout Ă la fois la qualitĂ© de crĂ©ancier et de dĂ©biteur. Lâexception dâinexĂ©cution ne prĂ©sente, en effet, dâintĂ©rĂȘt que si le crĂ©ancier peut exercer un moyen de pression sur son dĂ©biteur. Or ce moyen de pression consiste en la suspension de ses propres obligations. En lâabsence de rĂ©ciprocitĂ©, cette suspension sâavĂ©rera impossible dans la mesure oĂč le crĂ©ancier nâest dĂ©biteur dâaucune obligation envers son cocontractant. Ă cet Ă©gard, comment le bĂ©nĂ©ficiaire dâun don pourrait-il exercer lâexception dâinexĂ©cution alors quâil nâest dĂ©biteur dâaucune obligation envers le donateur ? De toute Ă©vidence, le donataire sera bien en peine de suspendre lâexĂ©cution dâobligations qui ne lui incombent pas. Câest la raison pour laquelle, lâexistence dâune rĂ©ciprocitĂ© des obligations est primordiale. Lâexception dâinexĂ©cution puise sa raison dâĂȘtre dans cette rĂ©ciprocitĂ©. ==> Exigence dâinterdĂ©pendance des obligations Bien que lâarticle 1219 du Code civil nâexige pas expressĂ©ment que les obligations des parties soient interdĂ©pendantes pour que lâexception dâinexĂ©cution puisse jouer, il dĂ©finit nĂ©anmoins cette sanction comme la possibilitĂ© offerte Ă une partie de ne pas exĂ©cuter son obligation si lâautre nâexĂ©cute pas la sienne ». Lâexigence dâinterdĂ©pendance est ici sous-jacente lâexception dâinexĂ©cution est subordonnĂ©e Ă la dĂ©monstration par le crĂ©ancier que la crĂ©ance inexĂ©cutĂ©e dont il se prĂ©vaut est issue dâun rapport juridique ayant donnĂ© naissance Ă lâobligation qui lui Ă©choit envers son dĂ©biteur. Un lien dâinterdĂ©pendance de connexitĂ© doit donc exister entre les deux obligations rĂ©ciproques. Pour ĂȘtre interdĂ©pendances, ces obligations doivent se servir mutuellement de cause, soit avoir Ă©tĂ© envisagĂ©es par les parties comme la contrepartie de lâune Ă lâautre. Ainsi, dans le contrat de vente, le prix est stipulĂ© en contrepartie dâune chose, raison pour laquelle on dit que les obligations de dĂ©livrance de la chose et de paiement du prix sont interdĂ©pendantes. ==> Exigence du caractĂšre certain, liquide et exigible de la crĂ©ance du crĂ©ancier Pour que le crĂ©ancier soit fondĂ© Ă se prĂ©valoir de lâexception dâinexĂ©cution il doit justifier dâune crĂ©ance au moins certaine et exigible. Quant Ă lâexigence de liquiditĂ© de la crĂ©ance, la jurisprudence est partagĂ©e. Sur le caractĂšre certain de la crĂ©ance Une crĂ©ance prĂ©sente un caractĂšre certain lorsquâelle est fondĂ©e dans son principe. Lâexistence de la crĂ©ance doit, autrement dit, ĂȘtre incontestable. Pour que lâexception dâinexĂ©cution puisse jouer, la crĂ©ance du crĂ©ancier doit ĂȘtre certaine, Ă dĂ©faut de quoi il y aurait lĂ quelque chose dâinjuste Ă suspendre lâexĂ©cution dâune obligation dont lâexistence est contestable. Aussi, cela explique-t-il pourquoi en matiĂšre de bail la Cour de cassation dĂ©nie au locataire le droit dâexercer lâexception dâinexĂ©cution en rĂ©action au refus du bailleur dâeffectuer des travaux com., 30 mai 2007, n° Tant que la question de savoir si la demande de rĂ©alisation de travaux nâest pas tranchĂ©e par un juge, la crĂ©ance dont se prĂ©vaut le locataire nâest pas fondĂ©e dans son principe ; elle demeure hypothĂ©tique. Dans un arrĂȘt du 7 juillet 1955, la Cour de cassation a considĂ©rĂ© en ce sens que les preneurs ne peuvent pour refuser le paiement des fermages Ă©chus, qui constituent une crĂ©ance certaine, liquide et exigible, opposer au bailleur lâinexĂ©cution par lui de travaux qui reprĂ©sentent une crĂ©ance incertaine» soc., 7 juill. 1955 Sur le caractĂšre exigible de la crĂ©ance Une crĂ©ance prĂ©sente un caractĂšre exigible lorsque le terme de lâobligation est arrivĂ© Ă lâĂ©chĂ©ance. Pour que lâexception dâinexĂ©cution puisse ĂȘtre invoquĂ©e, encore faut-il que la crĂ©ance dont se prĂ©vaut lâexcipiens soit exigible Ă dĂ©faut, il nâest pas fondĂ© Ă en rĂ©clamer lâexĂ©cution et, par voie de consĂ©quence, Ă suspendre lâexĂ©cution de ses propres obligations Pour dĂ©terminer si une obligation est exigible, il convient de se reporter au terme stipulĂ© dans le contrat. Ă dĂ©faut de stipulation dâun terme, lâarticle 1305-3 du Code civil dispose que le terme profite au dĂ©biteur, sâil ne rĂ©sulte de la loi, de la volontĂ© des parties ou des circonstances quâil a Ă©tĂ© Ă©tabli en faveur du crĂ©ancier ou des deux parties». Ainsi, le terme est-il toujours prĂ©sumĂ© ĂȘtre stipulĂ© Ă la faveur du seul dĂ©biteur. Lâinstauration de cette prĂ©somption se justifie par les effets du terme. La stipulation dâun terme constitue effectivement un avantage consenti au dĂ©biteur, en ce quâil suspend lâexigibilitĂ© de la dette. Le terme autorise donc le dĂ©biteur Ă ne pas exĂ©cuter la prestation prĂ©vue au contrat. Il sâagit lĂ dâune prĂ©somption simple, de sorte quâelle peut ĂȘtre combattue par la preuve contraire. Les parties ou la loi peuvent encore prĂ©voir que le terme est stipulĂ©, soit Ă la faveur du seul crĂ©ancier, soit Ă la faveur des deux parties au contrat. Sur le caractĂšre liquide de la crĂ©ance Une crĂ©ance prĂ©sente un caractĂšre liquide lorsquâelle est susceptible dâĂȘtre Ă©valuable en argent ou dĂ©terminĂ©e Tout autant que lâabsence de caractĂšre certain de la crĂ©ance interdit lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution, il a Ă©tĂ© admis dans certaines dĂ©cisions que lâabsence de liquiditĂ© puisse Ă©galement y faire obstacle. La Cour de cassation a par exemple statuĂ© en ce sens dans un arrĂȘt du 6 juillet 1982, toujours, en matiĂšre de contrat de bail, considĂ©rant que les travaux rĂ©clamĂ©s par un locataire Ă son bailleur reprĂ©sentent une crĂ©ance indĂ©terminĂ©e » 3e civ., 6 juill. 1982. Cette jurisprudence est toutefois contestĂ©e par une partie de la doctrine qui soutient que la liquiditĂ© de la crĂ©ance indiffĂ©rente, sâagissant de lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution. Dans un arrĂȘt du 20 fĂ©vrier 1991, la Cour de cassation a dâailleurs adoptĂ© la solution contraire 3e civ. 20 fĂ©vr. 1991, n° 2. Les conditions tenant Ă lâinexĂ©cution Lâarticle 1219 du Code civil prĂ©voit que lâexception dâinexĂ©cution ne peut ĂȘtre soulevĂ©e par le crĂ©ancier quâĂ la condition quâil justifie dâune inexĂ©cution suffisamment grave ». La question qui immĂ©diatement se pose est alors de savoir ce que lâon doit entendre par inexĂ©cution suffisamment grave ». Pour le dĂ©terminer, il convient de se reporter Ă la jurisprudence antĂ©rieure dont on peut tirer plusieurs enseignements Premier enseignement lâindiffĂ©rence de la cause de lâinexĂ©cution Principe Peu importe la cause de lâinexĂ©cution imputable au dĂ©biteur, dĂšs lorsque cette inexĂ©cution est Ă©tablie, le crĂ©ancier est fondĂ© Ă se prĂ©valoir de lâexception dâinexĂ©cution. LâinexĂ©cution du contrat postule la faute du dĂ©biteur Ă qui il appartient de dĂ©montrer quâil rentre dans lâun des cas qui neutralisent lâexception dâinexĂ©cution Exceptions Par exception, lâexception dâinexĂ©cution ne pourra pas jouer dans les cas suivants Lorsque la crĂ©ance du dĂ©biteur est Ă©teinte Lorsque le dĂ©biteur justifie dâun cas de force majeure Lorsque lâinexĂ©cution procĂšde dâune faute de lâexcipiens DeuxiĂšme enseignement indiffĂ©rence du caractĂšre partielle ou totale de lâinexĂ©cution Lâarticle 1219 du Code civil nâexige pas que lâinexĂ©cution de lâobligation dont se prĂ©vaut le crĂ©ancier soit totale Il est donc indiffĂ©rent que cette inexĂ©cution soit partielle lâexception dâinexĂ©cution peut jouer malgrĂ© tout V. en ce sens 1Ăšre civ. 18 juill. 1995, n° TroisiĂšme enseignement indiffĂ©rence du caractĂšre essentiel ou accessoire de lâobligation objet de lâinexĂ©cution La jurisprudence a toujours considĂ©rĂ© quâil Ă©tait indiffĂ©rent que lâinexĂ©cution porte sur une obligation essentielle ou accessoire. Ce qui importe câest que lâinexĂ©cution soit suffisamment grave pour justifier lâinexĂ©cution, et plus prĂ©cisĂ©ment, sâagissant de lâinexĂ©cution dâune obligation accessoire, que la riposte soit proportionnĂ©e, ce qui implique que le crĂ©ancier ne suspende pas une obligation essentielle V. en ce sens 1Ăšre civ., 25 nov. 1980 QuatriĂšme enseignement exigence de gravitĂ© de lâinexĂ©cution Sous lâempire du droit antĂ©rieur Ă lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016, la jurisprudence rappelait rĂ©guliĂšrement que, au fond, il est indiffĂ©rent que lâinexĂ©cution de lâobligation soit partielle ou que cette inexĂ©cution porte sur une obligation accessoire. Pour la Cour de cassation, ce qui importe, câest que lâinexĂ©cution soit suffisamment grave pour justifier lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution V. en ce sens 3e civ. 26 nov. 2015, n°14-24210. Ă lâexamen, ce critĂšre a Ă©tĂ© repris par le lĂ©gislateur lors de la rĂ©forme du droit des obligations. Lâarticle 1219 du Code civil pose, en effet, que lâexception dâinexĂ©cution ne peut ĂȘtre soulevĂ©e par le crĂ©ancier que si lâinexĂ©cution prĂ©sente un caractĂšre suffisamment grave. La question qui immĂ©diatement se pose est de savoir comment apprĂ©cier cette gravitĂ© ? Lâexamen de la jurisprudence antĂ©rieure rĂ©vĂšle que, pour apprĂ©cier le bien-fondĂ© de lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution les juridictions cherchaient moins Ă Ă©valuer la gravitĂ© du manquement contractuel en tant que tel quâĂ regarder si la riposte du crĂ©ancier Ă©tait proportionnelle Ă lâimportance de lâinexĂ©cution invoquĂ©e. DĂšs lors que cette riposte Ă©tait proportionnelle Ă la gravitĂ© du manquement, alors les juridictions avaient tendance Ă considĂ©rer que lâexception dâinexĂ©cution Ă©tait justifiĂ©e. Dans le cas contraire, le crĂ©ancier engageait sa responsabilitĂ©. Si la formulation de lâarticle 1219 du Code civil est silencieuse sur lâexigence de proportion de la riposte au regard de lâinexĂ©cution contractuelle, le Rapport au PrĂ©sident de la RĂ©publique relatif Ă lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016 prĂ©cise quant Ă lui que lâexception dâinexĂ©cution ne peut ĂȘtre opposĂ©e comme moyen de pression sur le dĂ©biteur que de façon proportionnĂ©e». Ce rapport indique, en outre, que lâusage de mauvaise foi de lâexception dâinexĂ©cution par un crĂ©ancier face une inexĂ©cution insignifiante constituera dĂšs lors un abus ou Ă tout le moins une faute susceptible dâengager sa responsabilitĂ© contractuelle.» Ainsi, selon le lĂ©gislateur, la gravitĂ© du manquement contractuelle ne doit pas ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e abstraitement elle doit, tout au contraire, ĂȘtre confrontĂ©e Ă la riposte du crĂ©ancier. Ce nâest quâau regard de cette confrontation que le juge pourra dĂ©terminer si le manquement contractuel dont se prĂ©vaut le crĂ©ancier Ă©tait suffisamment grave pour justifier lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution. Reste Ă savoir si la Cour de cassation statuera dans le sens indiquĂ© par le lĂ©gislateur, sens qui, finalement, nâest pas si Ă©loignĂ© de la position prise par la jurisprudence antĂ©rieure V. en ce sens 1Ăšre civ., 12 mai 2016, n° Les conditions tenant Ă lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution Lâarticle 1219 du Code civil ne prĂ©voit aucune condition dâexercice de lâexception dâinexĂ©cution. Dâune part, cette disposition nâexige pas que le crĂ©ancier, pour exercer lâexception dâinexĂ©cution, saisisse le juge aux fins quâil constate lâinexĂ©cution du contrat. LâapprĂ©ciation du caractĂšre suffisamment grave de lâinexĂ©cution qui fonde lâexception dâinexĂ©cution est Ă la main du seul crĂ©ancier qui donc lâexercera Ă ses risques et pĂ©rils Dans lâhypothĂšse oĂč la suspension de ses propres obligations ne serait pas justifiĂ©e, il sâexpose Ă devoir indemniser le dĂ©biteur. Dâautre part, le crĂ©ancier nâa nullement lâobligation de mettre en demeure son dĂ©biteur de sâexĂ©cuter. Lâexception dâinexĂ©cution peut ĂȘtre exercĂ©e en lâabsence de lâaccomplissement de cette formalitĂ© prĂ©alable qui, pourtant, est exigĂ©e pour la mise en Ćuvre des autres sanctions attachĂ©es Ă lâinexĂ©cution contractuelle, que sont LâexĂ©cution forcĂ©e en nature 1221 et 1222 C. civ. La rĂ©duction du prix 1223 C. civ. Lâactivation de la clause rĂ©solutoire 1225, C. civ. La rĂ©solution par notification 1226, al. 1er C. civ. Lâaction en responsabilitĂ© contractuelle 1231 C. civ. Bien que lâarticle 1219 du Code civil ne subordonne pas lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution Ă la mise en demeure du dĂ©biteur, elle peut sâavĂ©rer utile, dâune part, pour faciliter la preuve de lâinexĂ©cution qui, au surplus, peut ĂȘtre constatĂ©e par acte dâhuissier, dâautre part pour Ă©tablir la bonne foi du crĂ©ancier dont la riposte a Ă©tĂ© exercĂ©e avec discernement puisque, offrant la possibilitĂ© au dĂ©biteur de rĂ©gulariser sa situation. B Lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution par anticipation dâune inexĂ©cution Ă venir ConsĂ©cration lĂ©gale Lâarticle 1220 du Code civil prĂ©voit que une partie peut suspendre lâexĂ©cution de son obligation dĂšs lors quâil est manifeste que son cocontractant ne sâexĂ©cutera pas Ă lâĂ©chĂ©ance et que les consĂ©quences de cette inexĂ©cution sont suffisamment graves pour elle. Cette suspension doit ĂȘtre notifiĂ©e dans les meilleurs dĂ©lais. » Ainsi, cette disposition autorise-t-elle le crĂ©ancier Ă exercer lâexception dâinexĂ©cution par anticipation, soit lorsquâil craint que son dĂ©biteur ne sâexĂ©cute pas Ă lâĂ©chĂ©ance. Câest lĂ une nouveautĂ© de lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016, la jurisprudence antĂ©rieure Ă©tant quelque peu hĂ©sitante quant Ă la reconnaissance de lâexercice de cette facultĂ© au crĂ©ancier en lâabsence de texte. La chambre commerciale avait nĂ©anmoins amorcĂ© cette reconnaissance dans un arrĂȘt du 11 fĂ©vrier 2003 en jugeant que lâexception dâinexĂ©cution a pour objet de contraindre lâun des cocontractants Ă exĂ©cuter ses propres obligations ou de prĂ©venir un dommage imminent, tel quâun risque caractĂ©risĂ© dâinexĂ©cution » Cass. com. 11 fĂ©vr. 2003, n°00-11085. Quoi quâil en soit, lâarticle 1220 issue de lâordonnance du 10 fĂ©vrier 2016 va plus loin que la jurisprudence antĂ©rieure, puisquâil introduit la possibilitĂ© pour le crĂ©ancier dâune obligation, avant tout commencement dâexĂ©cution du contrat, de suspendre lâexĂ©cution de sa prestation sâil est dâores et dĂ©jĂ manifeste que le dĂ©biteur ne sâexĂ©cutera pas. Il sâagit dâune facultĂ© de suspension par anticipation de sa prestation par le crĂ©ancier avant toute inexĂ©cution, qui permet de limiter le prĂ©judice rĂ©sultant dâune inexĂ©cution contractuelle, et qui constitue un moyen de pression efficace pour inciter le dĂ©biteur Ă sâexĂ©cuter. Ce mĂ©canisme est toutefois plus encadrĂ© que lâexception dâinexĂ©cution, puisquâoutre lâexigence de gravitĂ© suffisante de lâinexĂ©cution, la dĂ©cision de suspension de la prestation doit ĂȘtre notifiĂ©e dans les meilleurs dĂ©lais Ă lâautre partie. 2. Conditions Outre les conditions propres Ă lâexception dâinexĂ©cution ordinaire que sont les exigences de rĂ©ciprocitĂ© et dâinterdĂ©pendance des obligations, lâarticle 1220 pose trois autres conditions que sont Le caractĂšre manifeste de lâinexĂ©cution Ă venir La gravitĂ© des consĂ©quences attachĂ©es Ă lâinexĂ©cution Ă venir La notification de lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution ==> Sur le caractĂšre manifeste de lâinexĂ©cution Ă venir Pour que le crĂ©ancier soit fondĂ© Ă exercer lâexception dâinexĂ©cution par anticipation, il doit ĂȘtre en mesure de prouver que le risque de dĂ©faillance du dĂ©biteur Ă lâĂ©chĂ©ance est manifeste. Autrement dit, la rĂ©alisation de ce risque doit ĂȘtre prĂ©visible, sinon hautement probable. Afin dâapprĂ©cier le caractĂšre manifeste du risque dâinexĂ©cution, il convient de se reporter Ă la mĂ©thode dâapprĂ©ciation du dommage imminent adoptĂ© par le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s lorsquâil est saisi dâune demande dâadoption dâune mesure conservatoire. En effet, pour solliciter la prescription dâune mesure conservatoire, il convient de justifier lâexistence dâun dommage imminent, ce qui, finalement, nâest pas trĂšs Ă©loignĂ© de la notion de risque manifeste dâinexĂ©cution ». Le dommage imminent sâentend du dommage qui nâest pas encore rĂ©alisĂ©, mais qui se produira sĂ»rement si la situation prĂ©sente doit se perpĂ©tuer. Ainsi, appartient-il au demandeur de dĂ©montrer que, sans lâintervention du Juge, il est un risque dont la probabilitĂ© est certaine quâun dommage irrĂ©versible se produise. En matiĂšre dâexception dâinexĂ©cution par anticipation il est possible de raisonner sensiblement de la mĂȘme maniĂšre si le crĂ©ancier ne rĂ©agit pas, par anticipation, en suspendant lâexĂ©cution de ses obligations, il est un risque de dĂ©faillance de son dĂ©biteur et que, par voie de consĂ©quence, cette dĂ©faillance lui cause prĂ©judice. La probabilitĂ© de cette dĂ©faillance doit ĂȘtre suffisamment forte pour justifier lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution. ==> Sur la gravitĂ© des consĂ©quences attachĂ©es Ă lâexĂ©cution Ă venir Lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution par anticipation est subordonnĂ© Ă lâĂ©tablissement de la gravitĂ© des consĂ©quences susceptibles de rĂ©sulter de lâinexĂ©cution. La formulation de lâarticle 1220 est diffĂ©rente de celle utilisĂ©e par lâarticle 1219 qui vise, non pas la gravitĂ© des consĂ©quences du manquement, mais la gravitĂ© â intrinsĂšque â du manquement. Lâarticle 1220 invite, en dâautres termes, le juge Ă apprĂ©cier les consĂ©quences de lâinexĂ©cution plutĂŽt que ses causes. Par gravitĂ© des consĂ©quences du manquement, il convient dâenvisager le prĂ©judice susceptible dâĂȘtre causĂ© au crĂ©ancier du fait de lâinexĂ©cution. Ce prĂ©judice peut consister soit en une perte, soit en un gain manquĂ©. Ce qui donc peut justifier lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution ce nâest donc pas le risque de non-paiement du prix de la prestation par le dĂ©biteur, mais les rĂ©percussions que ce dĂ©faut de paiement est susceptible dâavoir sur le crĂ©ancier. ==> Sur la notification de lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution Ă la diffĂ©rence de lâarticle 1219 qui, pour lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution ordinaire, nâexige pas que le crĂ©ancier adresse, au prĂ©alable, une mise en demeure au dĂ©biteur, lâarticle 1220 impose lâaccomplissement de cette formalitĂ©, lorsque lâexception dâinexĂ©cution est exercĂ©e par anticipation. Plus prĂ©cisĂ©ment, cette disposition prĂ©voit que la suspension de lâexĂ©cution des obligations du crĂ©ancier doit ĂȘtre notifiĂ©e dans les meilleurs dĂ©lais » au dĂ©biteur. Quid du contenu du courrier de mise en demeure ? Le texte ne le dit pas. On peut en dĂ©duire, que le crĂ©ancier nâa pas lâobligation de motiver sa dĂ©cision, ni dâinformer le dĂ©biteur sur les consĂ©quences de sa dĂ©faillance. Il nâest pas non plus tenu dâobserver des formes particuliĂšres quant aux modalitĂ©s de notification. Il est toutefois conseillĂ©, a minima, dâadresser la mise en demeure au crĂ©ancier par voie de lettre recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception. Quant Ă la sanction de lâabsence de mise en demeure du dĂ©biteur prĂ©alablement Ă lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution, lâarticle 1220 du Code civil est Ă©galement silencieux sur ce point. Le plus probable est que cette irrĂ©gularitĂ© soit considĂ©rĂ©e comme entachant lâexercice par anticipation de lâexception dâinexĂ©cution dâune faute et que, par voie de consĂ©quence, cela expose le crĂ©ancier Ă une condamnation au paiement de dommages et intĂ©rĂȘts. III Les effets de lâexception dâinexĂ©cution Lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution a pour effet de suspendre lâexĂ©cution des obligations du crĂ©ancier, tant que le dĂ©biteur nâa pas fourni la prestation Ă laquelle il sâest engagĂ©. Aussi, le contrat nâest nullement anĂ©anti lâexigibilitĂ© des obligations de lâexcipiens est seulement suspendue temporairement, Ă©tant prĂ©cisĂ© que cette suspension est unilatĂ©rale. DĂšs lors que le dĂ©biteur aura rĂ©gularisĂ© sa situation, il incombera au crĂ©ancier de lever la suspension exercĂ©e et dâexĂ©cuter ses obligations. En tout Ă©tat de cause, lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution nâautorise pas le crĂ©ancier Ă rompre le contrat V. en ce sens Cass. com. 1er dĂ©c. 1992, n° 91-10930. Pour sortir de la relation contractuelle, il nâaura dâautre choix que de solliciter la rĂ©solution du contrat, selon lâune des modalitĂ©s Ă©noncĂ©es Ă lâarticle 1224 du Code civil. En lâabsence de rĂ©action du dĂ©biteur, le crĂ©ancier peut Ă©galement saisir le juge aux fins de solliciter lâexĂ©cution forcĂ©e du contrat. Ă lâinverse, dĂšs lors que lâexercice de lâexception dâinexĂ©cution est justifiĂ©, le dĂ©biteur est irrecevable Ă solliciter lâexĂ©cution forcĂ©e du contrat ou sa rĂ©solution. Le crĂ©ancier est par ailleurs Ă lâabri dâune condamnation au paiement de dommages et intĂ©rĂȘts. Codede procĂ©dure civile : Article 70. Les cookies nous permettent de personnaliser les annonces. Nous partageons des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de publicitĂ©, qui peuvent combiner celles-ci avec d'autres informations que vous leur avez fournies ou qu'ils ont collectĂ©es lors de votre utilisation de leurs services. PubliĂ© le 20/07/2021 20 juillet juil. 07 2021 Document sans nomLe nouveau renvoi opĂ©rĂ© Ă lâarticle 789, 6° par lâarticle 907 du code de procĂ©dure civile dĂ©cret 2019-1333 du 11 dĂ©cembre 2019 confĂšre au conseiller de la mise en Ă©tat le pouvoir de statuer sur les fins de non-recevoir et trancher au prĂ©alable, si nĂ©cessaire, une question de fond. Ce nouveau pouvoir concerne les appels formĂ©s Ă compter du 1er janvier 2020 art. 55 du dĂ©cret du 11 dĂ©cembre 2019, sous rĂ©serve des limites transitoires fixĂ©es dans lâavis du 3 juin 2021 Cf. 1. et sâajoute aux pouvoirs que le Conseiller de la mise en Ă©tat tenait dĂ©jĂ de lâarticle 914 du code de procĂ©dure civile pour statuer sur les fins de non-recevoir tirĂ©es de lâirrecevabilitĂ© de lâappel, des conclusions et actes de procĂ©dure. Cet Ă©largissement de pouvoir a suscitĂ©, en cause dâappel, des problĂ©matiques procĂ©durales qui viennent dâĂȘtre rĂ©glĂ©es, ou presqueâŠ, par lâAvis de la 2Ăšme Chambre Civile de la Cour de cassation du 3 juin 2021 n° 1. Lâapplication dans le temps, une pĂ©riode transitoire pour rĂ©parer lâerreur du lĂ©gislateur Câest seulement par dĂ©cret n° 2020-1452 du 27 novembre 2020 art. 12, alinĂ©a 2 que lâarticle 916 du code de procĂ©dure civile a ouvert le dĂ©fĂ©rĂ© Ă lâencontre des ordonnances du conseiller de la mise en Ă©tat statuant sur toutes les fins de non-recevoir câest-Ă -dire celles de lâarticle 789, 6° en plus de celles de lâarticle 914 du code de procĂ©dure civile. Ce nouvel article 916 nâĂ©tant entrĂ© en vigueur quâau 1er janvier 2021, les ordonnances du conseiller de la mise en Ă©tat statuant sur ces nouvelles fins de non-recevoir nâĂ©taient donc pas susceptibles de dĂ©fĂ©rĂ© pendant la pĂ©riode transitoire comprise entre le 1er janvier 2020 date de lâĂ©largissement thĂ©orique de ses pouvoirs et le 31 dĂ©cembre 2020 veille de lâentrĂ©e en vigueur du dĂ©cret du 27 novembre 2020. Les nouvelles dispositions du Conseiller ne pouvant sâexercer que sous rĂ©serve que soit ouvert un dĂ©fĂ©rĂ© Ă lâencontre de ses ordonnances, la 2Ăšme chambre civile considĂšre ainsi dans son avis point 7. que le conseiller de la mise en Ă©tat ne peut statuer sur les autres fins de non-recevoir câest-Ă -dire celles de lâarticle 789, 6° du code de procĂ©dure civile qui lui sont soumises ou quâil relĂšve dâoffice quâĂ compter du 1er janvier 2021. 2. Les limites des pouvoirs du conseiller de la mise en Ă©tat pour statuer sur les fins de non-recevoir Le Conseiller de la mise en Ă©tat nâest pas juge dâappel Sans surprise, aprĂšs avoir rappelĂ© que le Conseiller de la mise en Ă©tat ne dispose pas du pouvoir dâinfirmer ou dâannuler la dĂ©cision frappĂ©e dâappel, la 2Ăšme chambre civile est dâavis quâil ne peut pas connaĂźtre des fins de non-recevoir qui ont Ă©tĂ© tranchĂ©es par le juge de la mise en Ă©tat, ou par le tribunal. Cet avis est sur ce point sans surprise. Le Conseiller de la mise en Ă©tat ne peut mĂ©connaĂźtre les effets de lâappel et les rĂšgles de compĂ©tence dĂ©finies par la loi. La 2Ăšme chambre civile est dâavis point 9. que le conseiller ne peut connaĂźtre des fins de non-recevoir qui nâayant pas Ă©tĂ© tranchĂ©es en premiĂšre instance, auraient pour consĂ©quence, si elles Ă©taient accueillies, de remettre en cause ce qui a Ă©tĂ© jugĂ© au fond par le premier juge. Les fins de non-recevoir non tranchĂ©es en premiĂšre instance recouvrent plusieurs hypothĂšses - Les fins de non-recevoir touchant Ă lâaction des parties en premiĂšre instance qualitĂ©, intĂ©rĂȘt Ă agir⊠que le Tribunal a implicitement estimĂ© rĂ©guliĂšre et recevable avant de statuer au fond, tel que lâexige lâarticle 472 du code de procĂ©dure civile lorsque le dĂ©fendeur ne comparaĂźt pas. - Les fins de non-recevoir spĂ©cifiques Ă la procĂ©dure dâappel sur lesquelles le Conseiller de la mise en Ă©tat ne peut porter, mĂȘme indirectement, atteinte au pouvoir juridictionnel de la Cour. Sur ce dernier point, lâavis de la 2Ăšme chambre civile laisse place Ă de nouveaux dĂ©bats procĂ©duraux. En effet, si les pouvoirs du Conseiller pour statuer sur lâirrecevabilitĂ© de conclusions ne visant pas les mentions de lâarticle 960 du code de procĂ©dure civile ou pour apprĂ©cier lâĂ©volution du litige nĂ©cessaire Ă la recevabilitĂ© dâune assignation en intervention forcĂ©e au visa de lâarticle 555 du mĂȘme code ne font pas dĂ©bat, lâapprĂ©ciation de lâexcĂšs de pouvoir pour dĂ©clarer un appel nullitĂ© recevable excĂšde quant Ă elle sĂ»rement ses pouvoirs, tandis que lâirrecevabilitĂ© des demandes nouvelles mĂ©rite par prĂ©caution dâĂȘtre encore soulevĂ©e cumulativement devant le Conseiller et la Cour dâappel en attendant que la 2Ăšme chambre civile arbitre entre les positions divergentes des Cours dâappel sur ce point mĂȘme si une majoritĂ© se dĂ©gage en faveur de la compĂ©tence de la Cour au fond. Toutes les rĂ©ponses aux questions lĂ©gitimes que les avocats se posent sur les nouveaux pouvoirs du conseiller de la mise en Ă©tat en appel ne se trouvent donc malheureusement pas dans cet avis du 3 juin 2021⊠Emmanuelle VAJOU Directrice de LexavouĂ© Formation, Avocate associĂ©e LEXAVOUĂ NĂźmes
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Article70 Entrée en vigueur 1976-01-01 Les demandes reconventionnelles ou additionnelles ne sont recevables que si elles se rattachent aux prétentions originaires par un
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